Le texte qui suit est une nouvelle écrite et partagée par Alizée (que vous pouvez retrouver et suivre sur Twitter : https://twitter.com/lacrym0sart ou encore Instagram : https://www.instagram.com/ezylae/) dans le cadre du Fantastique Challenge 2022.
L’ensemble des droits appartiennent à Alizée exclusivement.
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Et surtout, bonne lecture !
Le corps en dessous d’elle sentait la peur à plein nez et ça lui plaisait. Elle en voulait toujours plus. Malgré son corps émacié et ses os aussi pointus que des flèches, elle dévorait sans complexe chaque nuit. La proie de cette nuit était succulente et en plus de la terreur, elle ressentait de l’incompréhension. Cette sensation éveilla les désirs les plus sombres de la bête et cette dernière grogna de plaisir.
Sélina courait sans s’arrêter depuis des heures. Elle n’avait pas peur non. Elle était plutôt emplie d’effroi. Depuis son réveil, après ce cauchemar si affreux, elle ne pouvait pas s’empêcher de fuir les ombres. Un hurlement se fit entendre, puis un flash. Un frisson la parcourut, puis elle s’évanouit.
« Sélina, réveille-toi ! »
La voix chaude de son père envahit la pièce et Sélina ouvrit difficilement un œil. Elle remonta la couverture sur elle, prise d’un étrange sentiment et soupira.
« J’arrive, Papa ! »
Des courbatures la firent se plier en deux dès qu’elle se leva. L’odeur du bacon grillé embaumait la maison et sa faim était plus forte que la douleur. Elle était si obnubilée par son estomac qu’elle ne remarqua pas les griffures qui zébraient son torse…
« Oh, mauvaise nuit, encore ? Demanda son père, voyant les yeux cernés de sa fille.
— Toujours ce cauchemar, il semble trop réel. Mais cette nuit était pire, il y avait quelque chose
d’autre…
— Tu veux en parler ? Il se montra prudent et choisit ses mots avec précaution. Il n’était pas proche de sa fille, et seule la mort de Luna, la mère de Sélina, les avait rassemblés.
— Je ne sais pas si ça pourra me fait du bien, mais j’ai senti le goût du sang, Papa. Je me suis évanouie dans la forêt, je ne me rappelle de rien … je sais que c’était plus qu’un simple rêve. Il s’est passé quelque chose de terrible cette nuit et j’y étais. »
Au même moment, un flash info apparut à la télé. Une jeune femme avait été retrouvée morte, déchiquetée par ce qui semblait être un ours. Sélina trembla, mais pas à cause du froid.
D’ailleurs, elle trouvait qu’il faisait extrêmement chaud dans la pièce et alla ouvrir la fenêtre.
« Sélina ? Il neige, ferme cette fenêtre !! » Elle ne semblait pas l’entendre, perdue dans ses pensées.
Elle tendit la main pour recevoir quelques flocons, elle devait en avoir le cœur net. Soudainement elle sauta par la fenêtre.
Son père soupira ; il savait pertinemment ce qui s’était passé. Il mit son manteau, prit un vieux carnet et partit à la recherche de sa fille. Ils devaient avoir une discussion. Certaines familles héritent de vieilles cuillères, leur héritage à eux était un peu plus sombre … Il ne pensait pas devoir y faire face aussi rapidement, mais la mort de Luna avait tout précipité, sans qu’il ne sache pourquoi. Tout ce qui lui restait d’elle, c’était le carnet de cette dernière, dans lequel tout était expliqué.
Les ténèbres tombèrent soudainement et le vent s’intensifia. Le vieil homme avait totalement oublié l’éclipse. Il s’enfonça parmi les arbres couverts d’une pellicule blanche en priant. Il put suivre les empreintes de pas de sa fille, qui se changeaient au fur et à mesure. Il avait peur de ce qu’il allait voir, il n’y avait jamais été confronté. Lors des métamorphoses de son ex-femme, il se rendait dans la chapelle la plus proche, implorant quelconque dieu d’arrêter le massacre qu’elle provoquait. Quand il vit qu’une maternité avait été attaquée, il sut que son devoir était de protéger son petit village.
Un cri, puis un grognement sourd firent trembler les conifères et il pensa à faire demi-tour.
Fuir le plus loin possible et abandonner Sélina. Après tout, la malédiction ne pourrait prendre fin qu’avec la mort de l’un ou de l’autre et il se refusait à tuer sa fille. Pas après avoir fait brûler vive sa femme … L’odeur de la chair qui fond lui monta au nez alors qu’aucun feu n’était allumé à proximité. Il tomba à genoux dans la neige et pleura. Il revoyait cette scène toutes les nuits et était persuadé que son âme serait damnée. Son sort aurait été pire que de se transformer en Wendigo. Un autre cri le poussa à continuer dans le chemin enneigé malgré la frayeur que celui-ci lui provoquait.
Il ne vit pas tout de suite les chasseurs, armés de leurs arbalètes et leurs torches. Quand il les aperçut, il hurla, pour faire en sorte de détourner leur attention mais surtout, pour prévenir le monstre qu’était devenu sa fille. Les chasseurs se précipitèrent vers lui, pensant qu’il avait été attaqué.
L’éclipse prit fin et le jour revint, la neige éclatant de blancheur et les hommes armés repartirent à la recherche de Sélina Le père de Sélina rentra chez lui, espérant que sa fille allait bien, même s’il savait que son cauchemar continuerait une fois la nuit tombée. Il l’entendit hurler une fois de plus alors qu’elle se débattait dans son sommeil, encore couverte de sang frais. Il regarda le tison à côté de la cheminée, au centre de la chambre de sa fille, puis sa fille. Celle ci ouvrit les yeux qui luisirent d’un éclat carnassier. Elle lui sourit, avant de bondir sur lui.
brrrrr !
très sympa!