[vc_row][vc_column][vc_column_text]Parce que produire du contenu dit “pour adulte” est un métier à part entière qui ne devrait ni être le seul moyen de survivre d’une personne, ni être une source de prédation pour des organisations moralisatrices qui ne voient pas le paradoxe à précariser encore davantage les concerné.e.s, Sociolution s’engage aux côtés des Travailleurses Du Sexe et des artistes NSFW.

Tirer un trait sur le proxénétisme numérique

Qu’importe de quelle forme de Travail Du Sexe l’on parle, le principal fléau qui s’impose au domaine est l’hypocrisie politique et sociale qui l’englobe.

Nombre de personnes se positionnent encore à l’encontre du TDS au motif que ce secteur ne fait que précariser davantage les travailleurses, mais la faute à qui ?

Entre les plateformes qui bannissent le contenu même sagement érotique, les processeurs de paiement qui gèlent des fonds et les organisations qui prélèvent parfois jusqu’à 40% des revenus générés par les TDS, est-ce que le vrai problème du secteur ne serait pas simplement le fait que le proxénétisme que l’on a prétendu chasser des rues (prétendu, parce que mettre en danger les TDS en portant la charge sur leur clientèle, c’était pas combattre le proxénétisme, au contraire) a été totalement légitimé sur internet (un hôtel qui saurait qu’un.e TDS y travaille est attaquable en proxénétisme, les processeurs de paiement en ligne qui vous prennent 30% de CA non, bien que la loi prévoit l’illégalité de la chose) de sorte que les TDS qui voudraient n’opérer qu’en ligne, pour leur sécurité, gagnent encore moins bien leur vie qu’auparavant ?

Qui accepterait sciemment de travailler largement plus de 35h par semaine pour une paie qui, avant même d’être taxée au titre des cotisations sociales (oui le TDS est déclaré et les TDS paient des cotisations comme tout le monde), serait remisée jusqu’à 40% parce que c’est du contenu pour adulte ?

Et surtout, qui accepterait qu’on lui serve l’excuse que c’est du contenu pour adulte et un secteur “à haut risque financier”, quand sont classifiées de la même façon toutes les activités à public restreint par la loi (boissons alcoolisées, vapotte, etc) qui ne font pourtant pas l’objet de la même injustice ?

Comment alors prétendre que c’est autre chose qu’une volonté de sanctionner les TDS alors même que personne ne voit de gêne à parler du “plus vieux métier du monde” et à continuer de consommer du porno dans le même temps ?
Existe-t-il meilleur aveu de la volonté de garder sous contrôle un ensemble de personnes, majoritairement des femmes, en décidant de comment iels seront payé.e.s ?

Parce que nous pensons que toustes les travailleurses, sans exception, devraient toucher leur salaire sans que ni les banques, ni les processeurs de paiement ne s’octroient le droit de se servir abondamment tout en campant des positions vertueuses, nous déployons un “Plan Parapluie” qui regroupe des solutions pour une juste rémunération des TDS et des artistes NSFW, sans commission sur les ventes, pour tirer un trait sur le proxénétisme numérique.

Arrêter de pointer les conséquences sans combattre les causes

Lorsque les gens ne s’époumonent pas à dire que le sexe, c’est mal, donc que le travail du sexe, c’est mal, revient l’antienne “les TDS sont des femmes précaires qui n’ont pas le choix de faire ce métier et assister le TDS, c’est faire le jeu du patriarcat”.

Outre le fait que cette sortie occulte le fait que le TDS concerne tout le contenu érotique, incluant les photographies, les illustrations, la littérature, etc, et que personne, jamais personne, n’a fait le choix de son métier (infantilisation paternaliste, bonjour), on peut s’étonner de voir autant de gens s’inquiéter de la précarisation des personnes sans jamais lutter contre.

En admettant un instant que le TDS ne se limiterait qu’à la prostitution au sens premier et commun du terme et ne soit pratiqué que par des personnes qui n’ont pas d’autre choix : cette position revient à dire que plutôt que de réfléchir à proposer des alternatives, on va supprimer le seul “choix” que ces personnes ont, non sans leur demander de dire merci parce qu’on leur sauverait la vie.

Le paradoxe est peut-être subtil pour un certain nombre de personnes, pourtant il pose les bases de la différence entre répression des conséquences et préventions des causes.

Si aujourd’hui, l’on pense sincèrement que des milliers (chiffre sans doute bien plus bas que la réalité) de personnes sont TDS par nécessité plutôt que par choix, ne ferait-il pas sens de combattre les causes du problème ?
On peut les évoquer aisément :
– inaccessibilité des études…
– inaccessibilité de la société en général…
– schéma économique capitaliste enrichissant les plus riches et appauvrissant les plus pauvres…
– patriarcat dont vous reconnaissez qu’il est nourri par le TDS en oubliant que c’est parce qu’il existe que des (perçues) femmes sont discriminées quotidiennement et n’ont parfois que le TDS pour répondre au patriarcat qui refuse de les embaucher, de les rémunérer comme les hommes…

Parce que nous ne croyons pas une seconde que demain le capitalisme et le patriarcat disparaitront en un battement de cils, nous souhaitons proposer des alternatives.
Mettre fin au proxénétisme numérique pour que les TDS gagnent réellement ce qu’iels facturent s’inscrit dans cette logique, proposer aux personnes qui n’ont que le TDS pour survivre de les accompagner dans une orientation et un autre parcours est une autre approche que nous développons.

En tissant des partenariats forts avec des entreprises engagées dans le travail inclusif, en récoltant des fonds pour payer des formations ou éponger des dettes, en essayant de loger le plus grand nombre, notre volonté première est de faire en sorte que tout le monde puisse vivre d’un métier choisi et non subi.
MAIS cela inclut d’accepter que ce métier puisse être du TDS.
Et surtout cela inclut de ne pas accepter les fallacies qui voudraient que puisque ce choix n’en est pas un pour tout le monde, alors il ne devrait plus exister (diantre, si le porno disparaissait demain, le monde irait bien mal).[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]