Le texte qui suit est une nouvelle écrite et partagée par Mirabelle Aurea (que vous pouvez retrouver et suivre sur Twitter : https://twitter.com/LilFlyingSeal ou encore Instagram : https://www.instagram.com/daughterofriversandbones/) dans le cadre du Fantastique Challenge 2022.
L’ensemble des droits appartiennent à Mirabelle Aurea exclusivement.
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Et surtout, bonne lecture !
PREMIERE PARTIE : https://sociolution.org/fantastique-challenge-mythes-et-legendes-la-nouvelle-de-mirabelle-aurea-1-7/
PARTIE PRECEDENTE : https://sociolution.org/fantastique-challenge-mythes-et-legendes-la-nouvelle-de-mirabelle-aurea-3-7/
Hékate
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Maintenant, les nuits étaient plus longues et les journées plus froides. L’hiver frappait aux portes, avançant un petit peu plus chaque jour. Les dernières fleurs étaient rentrées sous terre et les arbres avaient perdu leurs feuilles pour la plupart. Le matin, des festons de givre s’accrochaient à l’herbe et aux branches des arbustes du jardin.
Le Vieux Monsieur le préparait pour l’hiver, taillant les rosiers et les arbustes pour qu’ils repartent de plus belle au printemps. Il espaçait ses promenades dans la forêt avec Hékate. Ses os et ses articulations lui faisaient mal avec le retour du froid. Il préférait passer ses journées dans son salon à lire, installé dans son fauteuil près de son poêle, la chienne somnolant à ses pieds. Ils n’avaient plus croisé le Jeune Homme, pas même dans la rue quand ils allaient faire les courses. Il semblait être parti et pourtant il était toujours là.
C’est parce que tout se jouait la nuit. De façon surprenante, quand le vieil homme allait se coucher, la chienne demandait à sortir. Il lui ouvrait la porte pour la laisser aller dans le jardin, un peu peiné qu’elle ne soit plus comme d’habitude couchée au pied du lit, son souffle rassurant le berçant et brisant sa solitude. Il savait qu’il la retrouverait au matin, sagement couchée sur le pas de la porte, mais il craignait qu’un jour elle ne soit plus là.
La première nuit de cet étrange manège, le Jeune Homme se présenta au portail de la maison et se stoppa aussitôt. La Grande Chienne Noire était assise de l’autre côté et le regardait. Elle ne grondait pas et n’était pas hérissée comme lors de leur première rencontre. Il soupira.
— Ta maîtresse peut bien envoyer qui elle veut, son temps est dû depuis deux mois. Elle ne peut pas m’empêcher d’exécuter les ordres des Sœurs du Destin.
Hékate gronda en réponse cette fois. Le Jeune Homme pinça les lèvres, visiblement courroucé par la réponse de l’animal.
— Ta maîtresse n’est pas au-dessus des Moires. Tu as empêché cette voiture de le renverser, comme c’était écrit. Soit, il partira dans son sommeil, c’est tout ce que je peux lui accorder.
Il fit un pas en avant et posa la main sur le métal de la poignée du portail.
La Grande Chienne Noire se dressa subitement sur ses pattes arrière, ses babines retroussées dévoilant ses crocs. Elle se jeta en avant en claquant de la mâchoire. Un grondement sourd parcourut sa gorge, la secouant toute entière. Ses yeux semblèrent s’embraser et les poils hérissés de son dos formaient une crête menaçante. Elle était bien plus grande maintenant qu’elle avait posé ses pattes avant sur les ornements du portail. L’air se refroidit encore alors que le vent se levait, s’engouffrant dans le manteau noir du Jeune Homme. Le vêtement se déploya derrière lui et son ombre qui s’allongea subitement se retrouva dotée d’une paire d’ailes qui encadrèrent sa silhouette.
— Si ta maîtresse veut que nous réglions ce différend par la force, qu’il en soit ainsi !
Il leva sa main droite, comme s’il tenait le manche d’un outil et l’abattit avec force dans la direction de la chienne. Vide contre vide, il y eut pourtant un impact dont l’onde de choc se diffusa dans le jardin et la rue, faisant plier les branches nues des arbres et des arbustes et voler des feuilles mortes.
Le Jeune Homme recula, déstabilisé, alors qu’un unique coup de tonnerre éclatait dans le ciel pourtant dépourvu de nuages. Il cligna des yeux, incrédule, et contempla Hékate qui s’était remise sur ses quatre pattes et le dévisageait.
— Tu n’es pas une messagère de ta maîtresse…
Frustré, il tapa du pied sur le sol.
— Pourquoi ? Son temps est venu ! Quelle indignité tu t’imposes pour un simple mortel !
La chienne se contenta de s’asseoir sans le quitter des yeux. Le Jeune Homme haussa les épaules et fit demi-tour sans insister. La Grande Chienne Noire alla s’allonger sur le pas de la porte, posa son museau sur ses pattes avant et s’endormit.
A suivre… Ici : https://sociolution.org/fantastique-challenge-mythes-et-legendes-la-nouvelle-de-mirabelle-aurea-5-7/